On savait déjà que les pays les plus riches étaient ceux qui contribuaient le plus à l’émission de gaz à effet de serre par habitant. Un rapport d’Oxfam publié à l’automne donne une estimation de la contribution des individus à l’émission de CO2 dans l’atmosphère entre 1990 et 2015 en fonction de leur revenu. Sans surprise, les plus riches ont une empreinte carbone supérieure… mais l’ampleur des inégalités a de quoi choquer.
Les 50% les plus pauvres ont été à l’origine de 7% des émissions sur la période alors que les 1% les plus riches ont émis 15% du CO2 et les 10% les plus riches 52% ! Pire encore l’augmentation des émissions a été supérieures chez les plus riches, autrement dit ces inégalités sont en train de croître !
Ainsi les ultra-riches adeptes du libéralisme débridé, non contents d’être responsables d’une inégalité ahurissante des revenus aujourd’hui , sont d’ors et déjà responsables de l’inégalité de demain! En effet, les gaz à effets de serre persistent des centaines d’années dans l’atmosphère et ce qui a été émis produira, quoi qu’on fasse ensuite, son effet sur le réchauffement. Le rapport d’Oxfam indique que les 10% les plus riches ont « consommé » entre 1990 et 2015 31% de la quantité de CO2 totale qu’il faudrait ne pas dépasser pour limiter le réchauffement à 1.5°C (scénario plutôt optimiste, pour J.M Jancovici par exemple, la quantité émise entrainera d’ors et déjà un réchauffement de 1.5°C).

Autrement dit la frénésie consumériste des ultra-riches se répercute sur les générations futures qui se voient d’autant amputées de leur « budget » carbone. Et cela ne va pas en s’arrangeant ! On ne peut pas laisser perdurer un tel comportement irresponsable !
50% les plus pauvres ont été à l’origine de 7% – les 10% les plus riches 52%
La réponse raisonnable et qu’il faut empêcher l’état d’ultra-riche, et il faut pour cela imposer un revenu maximal, adopter une dernière tranche d’impôt sur le revenu confiscatoire, comme le prévoit l’avenir en commun. En attendant cette solution radicale il faut mettre fin de toute urgence au nom des générations futures à cette gabegie folle. Les taxes carbone sont un début mais elles tapent sans discernement (son montant sur le billet d’avion est le même que ce soit votre premier voyage depuis 10 ans ou le 4è du mois) et sont donc à la fois peu dissuasive pour les riches et injustes pour les personnes à la consommation carbone vertueuse.
Nous proposons que de la même façon que le prix de l’eau varie avec le volume consommé, le prix des articles de consommation varie avec le volume carbone déjà utilisé par le consommateur. Par exemple, les cartes de crédits pourraient enregistrer le coût carbone de nos achats. En dessous d’un seuil vertueux, les prix pourraient être diminués, à l’inverse passé un niveau individuel de consommation annuelle compatible avec un réchauffement de 2°C, les prix devraient croitre de façon exponentielle de telle sorte que le voyage en avion transatlantique soit hors de prix, même pour un ultra-riche ! Cela pousserait à diminuer le cout carbone des produits de consommation pour qu’ils coûtent moins en carbone au consommateur et laisserait la liberté à chacun de choisir sa dépense carbone en fonction de ses préférences.

En tout les cas, on voit bien ici la nécessaire articulation entre mesures sociales égalitaires et lutte contre le réchauffement climatique. Toute baisse des inégalités, ralentira le réchauffement, toute mesure contre le réchauffement ne sera efficace que si elle induit une réduction des inégalités.
Ce n’est pas le gasoil des gilets jaunes qu’il faut taxer mais le kérosène des avions !
David
- D. Ivanova. et R. Wood (2020), The unequal distribution of household carbon footprints in Europe and its link to sustainability. Global Sustainability 3. e18. – https://www.cambridge.org/core/services/aop-cambridge-core/content/view/F1ED4F705AF1C6C1FCAD477398353DC2/S2059479820000125a.pdf/unequal_distribution_of_household_carbon_footprints_in_europe_and_its_link_to_sustainability.pdf