COP26: Marche pour le Climat – La Manif’ bourgeoise ? 2/2

Ainsi devant cette menace qui pèse sur l’Humanité et l’urgence d’y faire face, il faut accepter le fait que la transition doive se faire maintenant et donc sous un régime capitaliste. Chacun devrait dès lors se former aux enjeux climats/énergie puis œuvrer pour la diminution des émissions de gaz à effet de serre ici et maintenant (dans sa vie privée, mais aussi dans sa vie professionnelle et sociale). A la vérité, la transition a déjà commencé notamment sous l’effet des mobilisations citoyennes, certes elle balbutie sur un rythme trop lent, avec de nombreuses erreurs, mais elle est bien là, qu’on mentionne la disparition des sacs plastiques, les taxes carbones sur les billets d’avion, les nouvelles normes thermiques de construction, la diminution de la consommation de viande etc. En manifestant massivement lors des marches pour le climat, les citoyens/électeurs envoient un signal clair à leur classe politique et oblige celle-ci à accélérer la transition au moins par crainte de perdre des électeurs.

Intérêts personnels contradictoires

Le système actuel, fait d’être humains aux intérêts personnels contradictoires, n’est pas, et sera de moins en moins insensible au dérèglement climatique (voir le plan de la commission européenne « Fit for 55 »). Car même si le capitalisme est un puissant stimulant de l’émission de gaz à effet de serre, sa survie n’en dépend pas. Les mesures possibles pour pousser la transition en économie capitaliste sont de natures diverses : signal/prix, réglementations/interdictions, quotas. Leur efficacité s’annonce variable et leurs effets sur l’égalité sociale peuvent être de toute nature, certaines d’entre elles portent en germe une profonde remise en question du système, d’autres non.

Le capitalisme pousse naturellement à ce que les mesures choisies pour transitionner aggravent les inégalités sociales malgré la responsabilité plus importante des hauts revenus dans l’émission des gaz à effet de serre (précédent article sur le sujet). En effet, partager de façon inégalitaire les fruits de la croissance pour que la majorité voie son quotidien s’améliorer (un peu) est une chose, « partager » les efforts titanesques (tant pour la limitation que pour l’adaptation au dérèglement climatique) que nos sociétés vont devoir faire en est une autre. Dans ce contexte, un scenario menaçant serait celui de l’aggravation du repli sur soi des différentes composantes de la société prises en tenaille par des crises climatiques (dépendant donc des quantités émises de gaz à effet de serre actuelles), la raréfaction de ressources (volontaire ou subie) et par une transition inégalitaire. Regarder l’assiette du voisin, délaisser les régions frappées par les évènements climatiques lorsqu’on n’en est pas victime, refouler les migrants climatiques peut se conjuguer à la présence d’une caste très haut placée, invisibilisée, continuant de se gaver de l’énergie fossile et de « progrès » technologiques énergivores. Dans ce monde en guerre pour les ressources, l’énergie, la nourriture, la démocratie sera devenue impossible. 

Mobilisation nécessaire mais suffisante ?

Les mobilisations sociétales ou morales (en faveur des migrants par exemple) bien que nécessaire, risque de ne pas suffire pas pour empêcher cette évolution si les fins de mois de beaucoup restent difficiles. Les mobilisations sociales, pour plus de justice, seront par contre décisives pour maintenir la solidarité au nom de l’égalité et il est important de que les classes moyennes réalisent que la transition ne sera efficace et vivable que si elle aboutit à plus de justice sociale. Nous bénéficions ici d’un principe moral fort que nous devrions rappeler plus souvent: l’égalité absolue dans le budget d’émission des gaz à effet de serre que tout individu sur cette planète aura le devoir de ne pas dépasser annuellement d’ici 2050 (environ 2t de CO2/an soit un aller-retour transatlantique par exemple) également appelé « droit à émettre ».

Ainsi marcher pour le climat, lutter contre les émissions de gaz à effet de serre est une occasion à saisir pour arriver à une société s’étant finalement débarrassée du capitalisme par le biais de la transition bas carbone et du principe de la solidarité dans la sobriété.

COP26: Marche pour le Climat – La Manif’ bourgeoise ? 2/2

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