En ce jour de l’investiture du nouveau président des États-Unis d’Amérique, on revient avec cette tribune sur l’envahissement du Capitole: son sens et son importance. On connaît l’histoire, en -390 les gaulois s’enfoncent profondément en Italie et atteigne Rome. Voulant envahir le capitole de nuit, ils se font surprendre et anéantir après que les oies aient prévenu les romains endormis.
En 2020, à l’appel d’un président « illibéral » qui conteste les résultats d’une élection non faussée (bien que peu démocratique dans son mécanisme), une foule de ses partisans, aveuglée par les fake news auto-amplifiées, convaincue de l’existence d’un complot liberticide et galvanisée par 2 mois de provocation anti-démocratique, envahit de force le capitole. Les oies n’étaient pas là …
Cet événement ne peut être sous-estimé et doit faire réfléchir. Il est assez clair qu’il s’inscrit dans une matrice de type fasciste. Idéologiquement : refus des élites, xénophobie, glorification de la nation au dessus des classes sociales, Politiquement suivi aveugle d’un chef y compris dans ses contradictions plutôt que réflexion autour d’un corpus idéologique et Socialement : agrégation de lumpen-proletariat, et de « petits-bourgeois enragés »

L’arrêt de la croissance économique et la croissance des inégalités dans le monde capitaliste dit occidental va entraîner des troubles sociaux croissants et on peut raisonnablement parier que la misère et la détresse se traduiront par une violence accrue quelle que soit la forme que celle-ci prendra. Que ces protestations prennent une forme progressiste ou fasciste n’est pas écrit à l’avance, cela dépend de nombreux facteurs et cela peut évoluer vite comme nous l’avons vu lors du mouvement des gilets jaunes.
Nous ne pouvons prévoir ce qui va se produire dans les mois et années à venir. Le coup d’état mal préparé et insuffisamment populaire (l’armée et la police n’ont suivi que marginalement) n’a pas eu de lendemain. Il est probable que la mobilisation démocratique en réaction empêche la survenue d’un coup d’état « fascistoïde » dans un premier temps, mais les mécanismes sociaux sous-jacent qui sont à l’œuvre devraient se renforcer dans les années qui viennent, avec la plus que probable politique libérale de la nouvelle administration. N’oublions pas que le vote latino et noir a augmenté pour Trump en 2020 par rapport à 2016 (tout en restant minoritaire voire ultra minoritaire).
Le moment des mouvements fascistoïdes
Cependant, prenant avantage de la faiblesse des mouvements successeurs des partis dit « ouvriers », ce sont pour le moment les mouvements fascistoïdes qui ont le vent en poupe dans ces pays. La menace fasciste s’étend ainsi dans le monde capitaliste et nul ne peut parier si et ou elle triomphera. Il ne faut pas se tromper dans ces moments troubles, et suivre le chemin de crête de la contre-offensive citoyenne : d’abord défendre la démocratie et la liberté attaquée même si elles sont représentées par des néolibéraux (d’où l’importance de toujours bien séparer macronisme et lepenisme et ne pas se laisser entraîner dans les comparaisons absurdes du gouvernement actuel avec Goebbels). Il est plus qu’hasardeux de rester passif et de laisser les forces du pouvoir seules face au fascisme. Il faut au contraire les affermir dans leur conviction démocratique par un mouvement citoyen massif ; ainsi, les progressistes américains auraient pu immédiatement demander à tous les américains de descendre dans la rue de toutes les villes du pays pour soutenir la démocratie attaquée plutôt qu’attendre « confiant » que les forces de l’ordre choisissent le bon côté.
Mais comme aurait dit l’autre, il faut soutenir comme la corde soutient le pendu, et aussitôt que la menace fasciste a reflué, contre attaquer avec un programme clair de rupture avec la mondialisation libérale et montrer comment elle est la cause de la menace fasciste afin de renverser la vapeur gagner la bataille de l’hégémonie idéologique et prendre le pouvoir affaibli des libéraux.