L’évolution du COVID à Bruxelles vue par les premières lignes

La situation n’est pas bonne à Bruxelles, l’épidémie fait rage dans l’est et le nord de la ville.

Les lits théoriquement disponibles de réanimation sont occupés à 25-26% depuis 4 jours, et encore ce chiffre ne prend pas en compte les fermetures estivales qui permettent au personnel soignant de prendre des congés. Des consignes de transfert hors région sont de nouveau d’actualité.

Nous n’avons pas encore vu de patient vacciné en réanimation.

Dans mon service, depuis le mois de Juin, nous n’avons pas encore vu de patient vacciné en réanimation. On sait que cela arrivera naturellement car 90% de protection pour les formes graves ce n’est pas 100%.

Cette situation détonne par rapport aux Réanimations de Flandre et de Wallonie qui ont maximum 10% de leurs lits occupés par des patients COVID (données fin Aout sciensano) et des incidences épidémiques bien plus basses qu’à Bruxelles globalement. Ainsi l’épidémie comme l’occupation des lits en réanimation suivent le % de vaccination.

Pour ces raisons la rentrée à Bruxelles se fait sous des conditions sanitaires différentes que dans le reste du pays : est-ce que la liberté de ne pas se faire vacciner prime sur la liberté des enfants d’avoir une scolarité normale ?

Malgré des mesures sanitaires plus contraignantes, la rentrée des enfants de moins de 12 ans qui sont non éligibles pour le moment à la vaccination (les études sont en cours), est à haut risque. Cette classe d’âge va se mélanger alors que le taux de positivité des tests y est au plus haut. Ils risquent malheureusement de se contaminer à une vitesse que l’on ne peut soupçonner (le variant delta est le virus respiratoire le plus contagieux jamais isolé), contaminant ensuite leurs proches adultes non vaccinés. La situation risque ainsi d’être très tendue à Bruxelles dans les semaines qui viennent.

Jusqu’où ira la solidarité régionale ?

La solidarité des Flamands vaccinés à 92% tiendra-t-elle ?

Profitons de ce billet pour tordre le cou à quelques contre-vérités :

1/  « On peut être contaminé et contagieux en étant vacciné, donc ça ne sert à rien » Effectivement ce risque existe, il est plus important avec le variant delta qu’avec la souche chinoise ou le variant alpha. Néanmoins, le risque de contamination et la durée de contagiosité qui en découlent sont plus faibles qu’en l’absence de vaccination. Cela ne dit donc pas que les vaccins ne marchent pas, cela dit qu’ils ne marchent pas à 100%. Si le vaccin ne faisait que protéger des formes graves (et ne serait donc utile que chez les personnes fragiles), les incidences wallones et flamandes seraient comparables à celle de Bruxelles, seul le taux d’occupation des réanimations diffèrerait.

2/ « On a pas de recul sur la technologie ARN ». On a en fait un recul rassurant sur les traitements ARN utilisés depuis le début du XXIè siècle, mais il est vrai que cela ne concerne pas des cohortes énormes de patients et pas dans un cadre vaccinal. Notons simplement, qu’on a beaucoup moins de recul (en fait aucun) sur les conséquences à long terme de l’infection COVID.

3/ « Si nous sommes (la France, la Belgique…) en difficulté c’est parce que les infirmières et lits en réanimation manquent. » C’est un raisonnement beaucoup entendu en France notamment ou le système public hospitalier a été ravagé par des années d’austérité et de management. Mais si on avait plus de lit et d’infirmières cela permettrait de décaler de quelques jours/semaines les taux d’occupation, pas de faire face à une épidémie exponentielle par nature. Ainsi, la Belgique, 2e pays le plus doté d’Europe en lit de réanimation, et moins déficitaire qu’en France en infirmière (mais on est pas contre d’en avoir plus) s’est retrouvé submergée par les vagues pandémiques répétées et a dû imposer les mêmes confinements successifs. En effet, on ne peut pas configurer un système de santé pour faire face à une épidémie hors de contrôle où il y a besoin de 5, 10x plus de lits qu’en temps normal. Par ailleurs je ne vois pas bien le côté moral de laisser des gens se contaminer et aller jouer leur vie en réanimation… sous prétexte qu’il y aurait des lits disponibles et des infirmières en nombre.

4/  « Plutôt que vacciner il faut autoriser les traitements précoces ». La science est malheureusement froide et implacable, les essais thérapeutiques évaluant chloroquine, ivermectine, doxycycline ont été des échecs. Un seul traitement précoce semble efficace : l’injection d’anticorps anti covid (1500 euros). Il faut les donner très tôt avant le besoin d’oxygène. Ce qui en gros revient à traiter 9/10 des patients pour rien (et là big pharma est vraiment contente, surtout que vous pouvez y retournez 6 mois après en cas de nouvelle infection).

Question: Est-ce logique de faire payer par la collectivité un traitement qui administre pour 1500 euros des anticorps qu’un vaccin à 15 euros fait produire par notre système immunitaire ?

/ Dr D Grimadi

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