Pour ou contre le vote blanc ?

Le 12 avril dernier, le Groupe d’Action de Bruxelles s’est réuni pour discuter des trois options envisagées par la consultation citoyenne de l’Union populaire pour le deuxième tour : abstention, vote blanc/nul ou vote Macron. Nous publions donc trois articles, un par option de vote, exposant les arguments avancés en faveur de chacune de ces options lors de nos échanges. Cet article est consacré au vote blanc.

Au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle 2022, les Insoumis sont groggy. Ils ont milité avec enthousiasme et détermination pour un projet d’adhésion − celui d’une société plus juste sur le plan économique et social et plus respectueuse de la nature. Ils ont entrevu de très près qu’un autre monde était possible. Or ils se retrouvent face au même duel du second tour comme il y a cinq ans : Macron ou Le Pen, la peste ou le choléra, la fasciste et le « fascisateur » (Fr. Lordon).

Un choix impossible, un choix contre nature. Alors que certains se disent qu’on peut voter pour quelqu’un dont on ne partage pas les idées, si l’on pense que c’est l’option moins pire face à une candidate d’extrême droite, beaucoup ne veulent pas de ce choix imposé et refusent de céder au chantage moral du barrage républicain.

Ainsi, face à ce dilemme terrible, voter blanc serait-il une alternative légitime pour ceux qui veulent rester cohérents avec eux-mêmes et refusent d’être mis au pied du mur ?

Voter est un acte civique, mais dans certaines circonstances voter blanc peut l’être aussi. Le vote blanc se distingue de l’abstention. L’électeur qui s’est déplacé jusqu’à son bureau de vote exprime une volonté politique de participer au scrutin pour exprimer son refus de choisir entre les candidats en lice. L’électeur insoumis qui décide de voter blanc rejette le faux dilemme imposé par le pouvoir en place et ses relais médiatiques. Ce choix n’est ni immoral, ni irresponsable. C’est un refus du « moindre mal » du vote Macron après cinq années de macronisme violent et destructeur. Il suffit de rappeler la violence sociale de l’extrême libéral Macron, son autoritarisme de son régime policier, son mépris de classe.

Désillusionnés par cette expérience, nous savons que voter pour Macron, c’est lui apporter notre caution et lui donner carte blanche pour mettre en œuvre son projet funeste pour cinq années supplémentaires.

Voter blanc est aussi une décision pragmatique. Depuis la loi de 2014, les bulletins blancs sont décomptés séparément des votes nuls, mais ils sont toujours considérés, paradoxalement, comme des suffrages non exprimés. Un nombre important de votes blancs permettrait d’avancer le processus de reconnaissance et de prise en compte du vote blanc, de lui donner un poids réel dans le scrutin et de faire ainsi reculer le taux d’abstention. Il pourrait également permettre d’invalider une élection illégitime, s’il est additionné aux chiffres de l’abstention et que la somme dépasse le 50%.

La non-prise en compte du vote blanc, alors qu’il est comptabilisé, pourrait, parallèlement à une forte abstention, mettre en évidence l’illégitimité d’un pouvoir politique élu et faire avancer ainsi l’idée de la 6e République : dès lors que le système politique et institutionnel en place ne reflète plus la volonté de l’ensemble du peuple français, celui-ci doit se prononcer sur la refondation des institutions à travers un processus constitutionnel.

Les arguments contre le vote blanc sont bien entendu à prendre en compte aussi, le plus important étant évidemment le risque de voir Mme Le Pen élue. Ce risque est en effet actuellement plus fort que jamais, selon les sondages.

Mais nous savons comment sont fabriqués les sondages et combien ils se trompent.

A l’heure actuelle, il est impossible de prévoir quel mouvement d’opinion au sein de l’électorat, quel report de voix pourraient prendre le dessus lors du second tour. Cependant, avec les reports de voix Pécresse, Jadot, Hidalgo et même, dans une moindre mesure, Roussel, voire Mélenchon, la victoire de Macron élu de justesse, à 52 %, contre Le Pen, à 48 %, semble assurée.

En conclusion, l’être humain est un être rationnel, mais aussi un être pétri d’émotions. Les Insoumis sont dans la déception et la colère, mais ce n’est pas pour autant que leur choix de voter blanc est moins rationnel. Par ailleurs, le vote barrage procède aussi d’une émotion − la peur d’une victoire de l’extrême droite.

Dès lors, laissons les Insoumis décider en leur âme et conscience quelle option de vote au second tour est la meilleure.

Pour ou contre le vote blanc ?

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