Quatre leçons des élections législatives

La séquence électorale est maintenant close. Le résultat des élections législatives confirme l’existence de 4 pôles politiques distincts qui traversent notre pays.

Défaite du macronisme

Les macronistes, qu’ils soient de la république en marche ou de ses avatars sont battus et n’obtiennent pas la majorité absolue. Le vote des électeurs confirme ainsi clairement celui de la présidentielle : ce président libéral n’obtient pas l’approbation des citoyens qui ne lui ont pas donné les moyens législatifs de continuer sa politique mortifère de saccage des services publics, de remise en cause des acquis sociaux et d’inaction climatique, caractéristiques de son premier quinquennat . Mr Castaner, le ministre des LBD est sèchement battu et paye ainsi politiquement les mutilations qu’il a provoquées par sa doctrine d’emploi des forces de maintien de l’ordre. Les citoyens qui continuent de voter pour une politique favorisant les 1 % les plus riches de notre pays, sont ceux qui n’ont pas réalisé l’ampleur des dégâts que la politique des dernières années a causé et qui sont souvent effrayés par les caricatures qui ont été faites de notre programme.

Le Rassemblement National est représenté à hauteur de son importance électorale

L’extrême droite fait une entrée importante à l’Assemblée Nationale mais contrairement au tapage médiatique des derniers jours, le nombre de députés RN correspond aux pourcentages exprimés en faveur de ce parti au premier tour (16 % des députés, 18 % des voix). Ainsi, dans le cadre d’une élection au scrutin proportionnel le nombre de députés RN aurait été comparable. Le phénomène politique doit donc être analysé à 2 niveaux :

  • d’un point de vue du mode électoral, le RN n’est plus handicapé par le scrutin majoritaire à 2 tours. Simplement car les électeurs des autres partis ne se coalisent plus contre leurs candidats lors du second tour. Ce phénomène se comprend bien si on considère la tactique de « dédiabolisation » des dernières années : plus de « point de détail », de « durafour crématoire » et autres dérapages révélateurs du vrai visage raciste, antisémite et antirépublicain de ce parti. Mais cette volonté interne s’est couplée avec une banalisation venant du macronisme et de certains médias. Quand Gérald Darmanin trouve Mme Le Pen « molle », quand Manuel Vals prônait la déchéance de nationalité, quand la macronie fait voter une loi dite de séparatisme, ils affirment en creux que les idées du RN sont respectables. Ainsi après 5 ans de macronisme, Mme Le Pen a gagné 19% de voix au second tour de la présidentielle et a décuplé son nombre de députés.
  • d’un point de vue politique, la question de long terme qui nous est posée n’est pas de savoir comment se fait-il qu’un artifice institutionnel qui empêchait au RN d’avoir une représentation conforme à ses suffrages a disparu. Mais plutôt de savoir pourquoi une telle proportion d’électeurs est séduite par ces idées nauséabondes et croit que la misère du peuple est de la faute de l’immigré et pas de celle du banquier.

Victoire de la NUPES

Si beaucoup de nos sympathisants peuvent être déçus de notre résultat en ayant espéré une victoire, le bilan de la NUPES doit être analysé objectivement. Notre union a permis de maintenir le nombre de députés PS et PC de l’assemblée sortante ce qui n’était pas gagné compte tenu des résultats de la présidentielle. Elle a permis à Europe Ecologie les Verts de pouvoir intégrer à nouveau l’assemblée nationale avec plus de 20 député.e.s (pensez qu’il n’y en avait pas un seul et que les seuls élu.e.s écologistes étaient les insoumis ces 5 dernières années !). Enfin concernant notre mouvement, celui de la France Insoumise, le résultat est sans appel, nous multiplions par presque 5 notre nombre de députés. Alors certes, avec une participation meilleure, en particulier de la jeunesse, nous aurions pu avoir plus de députés mais les équilibres de la présidentielle n’auraient pas été bouleversés, nous ne sommes pas encore la première force politique. Le plus important est ailleurs, comme le disait un commentateur de plateau de la vie politique française : “pensez à ce qu’ils ont pu faire à 17, qu’est ce que ça va être avec 80 député.e.s insoumis.e.s !”

Le grand vainqueur de l’élection

Malheureusement, le grand vainqueur incontestable de ce scrutin est encore une fois l’abstention. Favorisée par la « non campagne » macroniste, par le comportement trop souvent inacceptable de certain.e.s hommes/femmes politiques, ce phénomène touche massivement les jeunes, ce qui est très inquiétant pour les années à venir. L’abstention massive lors du scrutin qui détermine la politique menée dans le pays oour les 5 ans à venir, témoigne de l’agonie de la 5è république, régime ultra-présidentiel pensé pour, et par, un homme historique hors norme en la personne du Général de Gaulle, dans un contexte très particulier, celui de la guerre d’Algérie. 65 ans après, l’absence de débat démocratique parlementaire et l’impossibilité de demander un référendum d’initiative citoyenne ont fait perdre aux citoyens leur foi en la démocratie représentative. Il est urgent de changer la constitution et d’aller vers une 6è république adaptée aux enjeux de notre temps.

Ces élections nous font rentrer dans une période d’instabilité institutionnelle qui va se coupler à une période d’instabilité plus générale incluant crise climatique, crise énergétique voire crise financière. Les militants de la France insoumise doivent, plus que jamais, être prêts à toutes les éventualités, la première d’entre elle étant une dissolution précoce lors de laquelle le pouvoir macroniste jouera son va tout.

Restons mobilisés, continuons à nous former, à convaincre ! L’époque ne nous permet pas de nous lamenter, l’ère qui vient doit être celle du peuple et non celle d’une nouvelle barbarie.

david

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